Histoire d’une courtisane sous le second empire
Née en 1852 dans la misère du monde ouvrier, Nana est la fille de Gervaise, héroïne de L’Assommoir. Livrée à elle-même très jeune, plutôt gironde, Nana va vite comprendre que le seul moyen de s’en sortir, c’est d’user de ses charmes. Un de ses nombreux amants va l’installer dans un riche appartement tandis que les autres vont lui permettre d’avoir un train de vie confortable. Elle devient une personnalité incontournable des soirées parisiennes – à l’instar de Liane de Pougy ou Valtesse de la Bigne dont Zola s’est inspiré – grâce à son rôle de la blonde Vénus au théâtre des Variétés. Repérée par des diplomates, des princes, de riches marchands, des banquiers, elle va tous les conduire en toute insouciance à la ruine et au déshonneur…
La pièce
Le choix des personnages m’a paru limpide. Zoé, la femme de chambre et confidente était indispensable pour nous faire partager les sentiments réels de Nana. Le personnage du jeune amant, Jojo, est l’alter ego au masculin de notre courtisane. Il n’a ni conscience, ni morale et c’est peut-être pour cela que Nana est séduite par ce mauvais garçon qui n’hésite pas à profiter d’elle et à la remettre à sa place. Le directeur du théâtre, le mentor de Nana, campe un ami qui n’a guère d’illusions sur son époque. Il fallait bien entendu une victime riche, un banquier, qui saurait finalement garder son cynisme et ne pas sombrer. N’oublions pas le Comte Muffat qui représente le sens moral, l’idée du pêché, le désir insurmontable, le cocu désespéré qui viendra au pied de l’hôtel attendre la mort de Nana sans qu’on sache finalement ce qu’il adviendra de lui après… Zola décrit un monde de faux-semblants où, si l’on ne se laisse pas emporter sans vergogne par le tourbillon léger de son époque, on finit par s’effondrer dans l’indifférence générale.