Il faut se dire que les techniques de l’orfèvrerie c’est comme travailler le métal, il faut une grande connaissance du « comment ».
C’est une technique très spécifique.
Tout ce que j’avais appris à Maredsous, j’ai dû complètement le laisser de côté lorsque je suis allé à La Cambre. J’ai d’abord dû travailler par moi - même. Félix (ndlr Roulin, alors son professeur) me faisait confiance. Et j’ai alors expérimenté d’autres façons de travailler le métal, plus proche de l’optique industrielle. Auparavant, c’était plus une approche rtisanale et moi j’aspirais à imaginer les multiples possibilités d’exploiter le métal. Je voulais le travailler comme si j’allais faire réaliser mes pièces en industrie. L’opération devient simple avec l’usage des outils ou des machines. C’est plus ancré dans le réel puisque l’on peut même, à partir d’une pièce, envisager de faire des séries et donc c’est plus commercial.
Le coup d’outil donne une forme et la forme est le résultat d’une opération manuelle. Autre élément important, le choix des matériaux. Il y a ceux qui ne me fascinaient pas comme l’or et ceux que j’apprécie comme l’acier inoxydable, l’aluminium (même s’il est plus difficile à travailler avec l’outillage dont je disposais alors).
Si j’en suis arrivé aux bijoux, c’est tout si mplement parce qu’à La Cambre, en fonction de mes possibilités financières et techniques dans le travail du métal, j’ai réalisé de petites pièces mais chacune avec une approche différente et particulière. Une fois La Cambre finie, il me fallait trouver un travail. Je connaissais déjà la bijouterie Demaret et je me suis tourné vers eux. Bien sûr, cela a impliqué que je devais travailler l’or jaune et donc renouer avec les techniques de Maredsous, à savoir le travail (ancestral) à la cire perdue. Mais cette méthode n’était pas à mon goût, j’avais besoin de travailler le métal directement. Ce que j’ai obtenu : ils m’ont donné l’or et le résultat de mon travail a procuré un résultat plus précis, plus fin. Cela a duré de ux ans au cours desquels j’ai mené différentes expériences avec d’autres dont Michel Louwette et Claude Wesel. On a travaillé ensemble, on s’est associé pour partager les frais et cela m’a permis de reprendre mes recherches et de créer des pièces plus abouties où le plexiglas est intervenu.
En plus on s’entendait très bien et on s’amusait bien aussi. Pour ma part, je focalisais plus mon énergie 4 sur des pièces plus abouties, plus recherchées. Mais parallèlement, il fallait aussi vendre des bijoux en or. Nous avions créé des pièces en or plus contemporaines et des personnes privées s’adressaient directement à nous, de même la bijouterie Polomé de Charleroi. En même temps, cela m’a permis de continuer mes recherches dans l’inox, le plexi et l’aluminium.
En parallèle, nous avions nos premières expositions en nom propre et nous avons lié amitié avec Émile Souply qui n’habitait pas loin de l’Atelier de Forest où nous nous étions installés. Il nous aintroduits dans des expositions à gauche, à droite.
La Foire de Bâle (foire internationale du bijou) a aussi été un déclencheur car nous y exposions nos bijoux contemporains et nous y avons rencontré des gens venus d’Allemagne, d’Autriche et de Suisse qui allaient dans le même sens que nous.
En fait le véritable point de départ pour moi, c’est lorsque j’ai « ouvert » ma galerie neon car je cherchais des créateurs qui pouvaient y exposer et j’ai voyagé un peu partout. On vivait les mêmes choses, on sortait d’écoles, on faisait des expositions pour se faire connaître. Cela a duré environ trente ans en élargissant le cercle des amitiés professionnelles, des rencontres de partout...c’est d’ailleurs étonnant. À cette époque là, j’étais un peu « noyé » car à la fois je travaillais l’or au quotidien pour honorer les commandes mais en même temps il y avait les expos, la recherche,...Ceci dit je n’ai rien contre l’or car c’est un matériau très agréable à travailler mais c’est un autre type de travail et un autre rendu.
Même si j’ai essayé de le travailler comme les autres métaux. Mon choix est de privilégier les métaux non précieux, même si c’est plus difficile par exemple avec l’inox : tout est plus long, les opérations sont plus compliquées et les outils comme les scies cassent très facilement. Mais l’inox ne bouge pas, il est perpétuel. J’aime bien l’aluminium, il est plus mou, offre des avantages en poids. Et surtout, on peut le color er et si on le sable, il offre un très beau rendu.
La découverte du titane offre pas mal d’avantages par rapport aux autres métaux : il est inoxydable – quasiment -, il peut se colorer plus facilement que l’aluminium parce il n’y a pas d’apport de pigments, c’est l’intensité du courant qu’on met dans le bain, qui offre une variation des couleurs. Il est à la fois très léger et très dur mais on ne peut pas le polir. Donc voilà encore un métal qui offre des avantages ; si on veut une pièce polie, ce n’est pas un problème, on se tourne vers l’inox. Et on peut aussi combiner les métaux.
Voici donc les 3 métaux que je privilégie : l’inox, l’aluminium et le titane. À côté de cela, il y a la découverte des autres matières synthétiques qui apportent la couleur et comme vous le savez, j’aime cela... j’en mets un peu partout. Ce fut le cas pour les bijoux budgets, des bijoux dont les matériaux sont issus du quotidien et ne coûte rien : du treillis, des trombones, de la toile cirée, sur laquelle des motifs graphiques sont appliqués, grâce à la sérigraphie, - la sérigraphie est importante et vient de ma rencontre avec ma seconde épouse qui est sérigraphe -. Cette technique s’est peu à peu installée dans ma vie par le biais des affiches, des visuels pour ma galerie neon et moi qui aime le dessin par ailleurs, je me suis dit c’est cela qu’il me faut : j’ai rassemblé le plexi, la sérigraphie, et cela m’a ouvert une autre voie que j’ai menée parallèlement à d’autres choses. Parfois je les ai faites se rencontrer comme avec l’inox et des parties en plexi imprimées en sérigraphie. Et à présent j’ai abandonné, je fais autrement avec le laser ou alors j’imprime sur des cellophanes. Mais j’y reviendrai peut-être un jour...