D'où vient votre passion pour la photographie ?
J’ai perdu mon père à l’âge de 5 ans, ses albums photos m’ont permis sans vraiment le connaître de comprendre son style de vie, son histoire et ses valeurs. J'ai alors à mon tour voulu raconter ma vision du monde.
Je pense que la photo est un vecteur puissant de nos réalités. Il mémorise des moments de nos vies mais aussi la manière dont on veut s’en souvenir.
Mais ce n'est qu'en découvrant les photos extraordinaires de Sally Mann que j'ai voulu moi-même être photographe. Son approche de la photo m'a pris aux tripes ! je n'avais jamais vu de photos aussi parlantes !
Qu'est ce qui vous plaît dans la mode, le luxe et la musique pour y consacrer vos travaux ?
Sans doute la volonté d'innover à chaque nouveau projet. On a besoin de réaliser des images impactantes. Il faut vendre grâce au visuel. J'aime la compétition, si l'image n'est pas assez bien elle ne sera pas validée par le client. Il y a une remise en question constante. C'est aussi très intéressant de voir quelle image sera finalement la plus appréciée par le grand public.
Avec quel matériel travaillez-vous et préférez-vous l'argentique ou le numérique ?
Je travaille habituellement avec un Canon 5Dsr mais il m'arrive de travailler avec d'autres boitiers comme le Sony alpha 7, le Nikon D800, D6 ou encore avec un Hasselblad.
Je ne fais plus d'argentique car le temps me manque mais je ne manque pas de faire quelque polaroids avec un simple appareil de développement instantanée, cela fait toujours plaisir d'être pris en photo dans notre quotidien.
Quel est l'endroit où vous aimez travailler : en studio ou en milieu naturel ?
Les deux ! Je ne pourrais pas choisir l'un ou l'autre, cela serait comme dire est-ce que tu préfères rester tout le temps à l'intérieur ou à l'extérieur... En studio j'aime le côté technique et les jeux de lumière ; tout peut être maîtrisé. Alors qu'en extérieur on doit s'adapter, la lumière du jour n'est jamais la même et donne un rendu bien différent.
Selon vous, quelle a été l'image la plus marquante en 2020 ?
J'imagine que la couverture d'Oboy a du faire son effet ! Un rappeur sur une croix ne passe pas inaperçu.
Peut-on en savoir plus sur votre travail avec le rappeur Oboy pour son album Omega et Pourquoi le prendre en photo sur une croix ?
Le label 6&7 avait besoin d'une image forte pour raconter son histoire.
On peut y voir une croix constituée d'objets de son quotidien.
Bien entendu on avait peur d'un scandale dû à une incompréhension face à ce rappeur crucifié sur une croix.
Mais ce que l'on voulait exprimer c'était l'histoire d'une génération sacrifiée par notre société.
Oboy a insisté pour qu'il y ait un côté "bon" et un autre "mauvais" pour faciliter la lecture de l'image par son public. Et ça a plutôt bien marché.
Quand on vous contacte pour un projet, qu'est ce qui est le plus important pour vous dans la préparation et quelle place occupe la relation/les échanges avec votre client ?
Le plus important est sans doute de bien comprendre la demande, de la traiter de manière méthodique et avec qualité. La communication et la patience sont la clé pour arriver au bout d'un projet.
Vous travaillez également pour des marques prestigieuses comme Swarovski. Est-ce la même approche photographique quand vous travaillez pour des artistes, des marques ou dans la mode ?
Plus ou moins.. Il est certain que la base reste la même c'est-à dire l'organisation, la préparation et la compréhension des idées que le client a en tête. Pour le reste il faut s'adapter, aucune session photo ne se ressemble !
Vous adorez voyager et vous êtes installée à St Barthélémy. Est-ce que les voyages et les lieux qui vous entourent inspirent votre travail de photographe ?
Je suis toujours influencée par ce qui m'entoure. En arrivant à Saint Barthélemy je ne pensais pas rester aussi longtemps. La lumière et l'atmosphère m'ont donné envie de prendre davantage de photos en extérieur et de rencontrer les locaux, de ralentir la cadence avec Paris et de m'ouvrir à d'autres horizons.
Votre grand-père, Charles Lindbergh, était le premier aviateur à avoir traversé l'Atlantique en avion. Que vous évoque cette période de l'Histoire ?
C'était un des pionniers de l'aviation, son calme, sa simplicité et sa logique nous sont restés en mémoire. La traversée n'était que le début d'un long voyage que je souhaiterai prochainement raconter à travers les mémoires de ma famille.
Aimeriez-vous faire une rétrospective photos sur votre grand-père aviateur Charles Lindbergh ?
Cela fait depuis un moment que je réfléchis au sujet ; il m'a fallu du temps avant de regarder dans les cartons tout poussiéreux contenant sa correspondance avec ma grand-mère avec qui j'étais très proche. J'y ai aussi trouvé des photos que j'aimerai partager dans une future exposition, tout en racontant l'histoire de ma famille, avec mon point de vu, à travers les histoires que me racontaient ma grand-mère Brigitte Hesshaimer et ma mère Astrid Bouteuil.
Souhaitez-vous évoquer pour nous vos prochains travaux pour l'année 2021 ?
J'ai des projets un peu dans tous les sens, et il y a toujours des projets de dernière minute dans des milieux très divers, que ce soit la mode, le luxe ou la musique.
A part mon projet de rétrospective sur Charles Lindbergh, de nombreux projet pour Vilebrequin, La Galerie Clic ou encore Josie Maran sont déjà en route.
Que souhaitez-vous dire pour terminer ?
Qu'en tant que photographe il faut chercher la perfection, être fort et solide face au quotidien. Le temps et l'expérience m'ont donné la confiance nécessaire pour vivre de la photo et de nombreux projets sont encore à venir !
Merci à Isabelle Ln Lindbergh d'avoir répondu à notre interview !
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