D'où vient votre passion pour la musique ?
J’ai commencé la musique en tant qu’auteure. Ça c’est fait assez naturellement. J’ai rencontré un compositeur qui cherchait des textes et je lui ai proposé les miens. Il les a trouvé très personnels et m’a donc conseillé de les chanter moi-même. J’ai écris ainsi mes deux premiers albums qu’il a composé et en parallèle j’ai continué mon métier de danseuse contemporaine et chorégraphe. Et puis au fur et à mesure la musique a pris le dessus, elle a rejoint la danse avec la vidéo et les clips que j’ai réalisé. Je me suis mise ensuite à la composition, j’ai fait d’autres rencontres, d’autres albums.
Pouvez-vous nous présenter votre album Soudain Les Oiseaux ?
Soudain les oiseaux est mon cinquième album, je l’ai écrit après la disparition soudaine de ma grande soeur en août 2019. C’est la première fois que je compose toutes les musiques en plus de l’écriture des textes. Ça me tenait à coeur de le faire pour ma soeur parce que c’était sincère. Dans la continuité de l’album précédent il est enregistré et réalisé par Pascal Parisot, mixé par Angy Laperdrix qui lui a donné sa couleur un peu plus pop. Il décrit le sentiment de deuil, et aussi les souvenirs d’enfance. Le « Je » employé ici est une sorte de dialogue avec ma soeur, parfois c’est elle qui parle et parfois c’est moi, on ne sait jamais vraiment.
Le titre m’est venu durant l’été 2020 quand j’ai réalisé une vidéo danse intitulée « Suddenly the Birds » dédiée à ma soeur. Une création que j’ai faite dans le cadre de la formation intensive d’été de l’école Martha Graham à New-York, sur l’instrumental du titre « Un cheveu » extrait de l’album « A l’abri du vent ». J’ai multiplié et superposé l’instru, que j’ai ensuite doublé avec mon enregistrement de chants d’oiseaux.
Cet album rend hommage à votre soeur disparue. Quelle relation entreteniez-vous et en quoi est-ce important pour vous de lui dédier cet album ?
On avait une relation de sœurs. Nous avons eu une enfance particulière en Afrique. Elle me protégeait beaucoup et elle croyait tellement en moi. Lui dédier cet album est une façon de lui dire merci d’avoir été là, d’être une soeur si géniale et puis combien elle me manque. C’est aussi pour la faire revivre un peu...
Pourquoi évoquez-vous les oiseaux dans le titre et quel est votre oiseau préféré ?
C’est impuissante face à son départ que j’ai imaginé qu’elle se transformait en oiseau. Je crois que ça m’a aidé à supporter cette douleur atroce de croire que elle serait enfin libre et heureuse, gazouillant dans les arbres.
Mon oiseau préféré est la mésange bleue, que mon chat adore croquer malheureusement. A un moment donné le transfert avec ma soeur était si fort que j’en ai même pleuré !
Avez-vous composé cet album en écoutant les oiseaux ou au milieu d'une forêt ?
Je l’ai composé chez moi, sur mon canapé rouge. Il y avait des oiseaux parce que c’était en 2020, en période de premier confinement Où il y n’y avait plus de voitures. J’étais en état de choc donc complètement anesthésiée, mais je me souviens avoir entendu tellement d’oiseaux dans les arbres devant la fenêtre. J’avais du coup l’impression qu’elle était là, à côté de moi.
Quels ont été vos choix concernant les instruments utilisés sur cet album ?
Je voulais que cet album soit joyeux. Parce que j’aime les contrastes et qu’il parle du sentiment de deuil, de la perte, mais aussi de l’enfance et de la joie de vivre. Je voulais des couleurs pour contraster la mélancolie de mes textes et de mes mélodies. J’ai essayé de les trouver dans des rythmes différents en enregistrant mes démos, et puis j’ai demandé à Pascal Parisot d’utiliser plus d’instruments virtuels, plus dynamiques, un peu électro-pop. Ma soeur n’aimait pas trop les chansons mélancoliques, elle disait que ça la rendait triste. Et puis il y a mes parents aussi qui vont l’écouter, je veux les soutenir, surtout pas les rendre triste.
Comment se sont passés les enregistrements en studio ?
Je chantais parfois mes chansons sur le dictaphone de mon téléphone a capella, pour les envoyer à Pascal qui avait déjà mes démos guitares-voix. Il construisait avec les instrus autour, puis je venais enregistrer les voix définitives en studio et il finalisait une version qu’on peaufinait ensuite. Il y a eu beaucoup d’échanges par mails et téléphone en cette période vraiment pas évidente.