Est-ce qu'il y a un endroit qui vous a particulièrement inspiré ?
L'Inde reste l'endroit le plus inspirant à mes yeux. C'est un pays surnaturel, où l'on change de logique, de façon d'être. J'ai dans ma besace un manuscrit écrit à Pune et qui se déroule à Hyderabad, où j'ai vécu quelques mois. Il y sera question de folie, de naïveté et d'étrange, à l'image de ce que représente le pays à mes yeux.
La musique n'est jamais bien loin, puisque un album dérivé du livre Wanderlandz a également vu le jour. Qu'est ce qui vous plait dans ce format hybride ?
C'est vrai que chacun de mes livres est associé à une bande originale. Il y a souvent de la musique, comme une bande-son de film, dans ma tête lorsque j'écris ou quand je rêve. J'ai longtemps pensé que c'était le cas pour tout le monde ! Lorsque j'ai écrit Bâton de Réglisse, j'ai posé pour la première fois sur un petit synthétiseur ces mélodies qui venaient de l'inconscient et qui m'avaient accompagné durant l'écriture du roman : elles ont donné naissance un petit EP instrumental intitulé House of the Crying Clowns. Pour Wanderlandz, qui est le récit d'un tour du monde musical, j'aimais l'idée de proposer en plus du livre une compilation des chansons enregistrées, et dont certaines laissent entendre la voix des personnages.
On a pu découvrir tout un projet visuel avec Wanderlandz : vidéos, exposition de photographies... Quelle place occupe l'univers visuel dans vos projets artistiques ?
Je suis sensible aux atmosphères, aux esthétiques en tant que voyageur mais aussi en tant que créateur. J'aime créer des projets assez typés, que ce soit l'univers du cirque et des monstres dans The Freak Parade, ou encore celui des films d'horreur asiatiques dans Bâton de Réglisse. La photo, l'art et la vidéo sont un prolongement naturel de cet effort. Petit, je rêvais de devenir réalisateur de vidéoclip : lorsque j'entendais une chanson, je visualisais les images que j'aurais aimé y tourner. Cela me semblait un rêve complètement inaccessible ! J'ai eu la chance de pouvoir co-réaliser deux clips, et le processus m'a toujours semblé un peu magique : concrétiser la fantaisie que tu as à l'intérieur de ta tête pour en faire un véritable média auquel tout le monde peut accéder ! C'est vraiment un domaine que j'aimerais approfondir dans les années à venir.
Peut-on en savoir plus sur le kit pédagogique du projet Wanderlandz et qu'avez-vous apprécié dans ce concept ?
Lorsque tu termines l'écriture d'un roman, ta première option est généralement de prendre contact avec des éditeurs, souvent parisiens, pour leur soumettre ton texte. Étant alors sur les routes, j'ai écarté cette possibilité : c'est un milieu qui me semblait assez lointain, avec beaucoup d'entre-soi ; de plus, le marché est assez saturé et j'ai toujours eu l'impression que les livres s'étouffaient les uns les autres dans les étals des librairies. Je préfère faire les choses plus artisanalement. Nous avons ainsi, avec deux collègues professeures de littérature, expérimenté pendant un an des activités pédagogiques sur Wanderlandz pour des classes de 2nde et de 1ère. Suite aux retours très positifs des élèves, nous avons créé un dossier à destination des professeurs : le livre est ainsi étudié en lycée depuis sa sortie. Cela fait sens : je suis sensible aux fait que des adolescents puissent découvrir un autre regard sur le monde à travers ce récit.
En parlant de projet pédagogique, on vous retrouvera bientôt dans Chems et la parade du Ciel Feu ; qui sera à découvrir sur Divertir. Vous adresser aux plus jeunes est quelque chose qui vous plait ?
Je ne me pose jamais vraiment la question de la cible au moment de l'écriture. Ce qui m'intéresse, c'est la création, c'est de moduler mon esthétique sur différents registres, différents environnements et différents genres. Ceci dit, l'enfance est un moment déterminant pour la construction de soi et écrire un conte m'a forcément poussé à me poser la question de ce que je souhaitais transmettre. Comme tu le verras bientôt, les sujets abordés dans Chems ne sont pas forcément des plus communs, et c'est bien la raison pour laquelle j'ai écrit ce conte.