Syrano a toujours été sensible à la «cause» féminine. Ainé d’une fratrie de six enfants, ila grandi avec 5 petites sœurs, ce qui a nourri sans aucun doute ses interrogations sur ce sujet de société.
Son histoire personnelle lui a inspiré cette chanson, un texte qu’il mûrit depuis longtemps mais que l’actualité et une statistique ont fait émerger sous la plume de l’artiste de chanson urbaine : en France, 1 femme meurt tous les 3 jours sous les coups de son conjoint, ou ex-compagnon.
Avec les poings, illustré par une musique très rap/r’n’b, se veut être une balade, une chanson douce qui contraste avec un propos brutalement réaliste. Un poème lucide qui pose des questions importantes et parfois tabous: Comment se positionner en tant qu’homme dans ce genre de situation, lorsqu’on est témoin d’une violence infligée à une femme ? Quelle réponse donner dans l’urgence à un agresseur?
Où est la limite entre la Justice administrative (dont les rouages ne vont pas assez vite et qui ne punit pas assez lourdement les auteurs de ces assassinats silencieux) et la justice qu’on se fait soi-même, immédiate et vengeresse?
Évidemment, il n’est aucunement question d’apologie de la loi du Talion et de la violence dans ce morceau, mais d’une réelle question sociétale sur les peines que devraient encourir les féminicides, sur la prévention auprès des jeunes et sur notre système de valeur.
Le clip d’Avec les poings, lui, met en scène un prédateur (incarné par Florian Guérin), qui maltraite ses compagnes successives. On assiste à trois de ces relations, plus ou moins perverses. Les trois femmes sont jouées par Lynda Soulimane, Jessica (Lolita nie en blog)et Juliette Tresanini, ces deux dernières étant très impliquées et tenant discours féministe libre sur leurs chaînes Youtube respectives.
Il était donc naturel pour Syrano de proposer à ces comédiennes de participer au tournage puisqu’elles sont en totale cohérence avec son discours.
Dans l’histoire, Syrano est un chef d’une sorte de gang justicier qui part kidnapper l’agresseur pour le punir et le tabasser dans un hangar isolé. Ce scénario fictif inspiré des films d’actions gonflés à la testostérone, se termine par un pied de nez. Les membres du gang sont en fait les trois femmes battues du début et elles récupèrent leur victime après avoir rémunéré celui qui était en fait un homme de main. Syrano ne se pose ainsi pas en vengeur masqué mais en outil de vengeance pour ces femmes qui ont pris le pouvoir et la décision. C’est bien la conclusion : une prise de conscience et la décision que ces meurtres doivent purement et simplement stopper.
Voir le clip d'Avec les poings
de Syrano