Coréalisateur, Jordan Kouby, a apporté sa pierre à l’édifice, avec pertinence, par les prises de voix et le mixage qu’il a effectués. Toutes les conditions étant réunies, Sly Johnson franchit ici un cap. Il nous propose un disque de chansons. Sa voix s’envole vers de nouveaux cieux. Elle chante, pleinement, sereinement. Lui, le beatboxeur de haute voltige, a décidé de mettre en veilleuse sa virtuosité, pour nous offrir la substantifique moelle de son art : cette science habitée de conscience et vibrante de sensibilité, que nous retrouvons chez les plus grands artistes et qui, en ces temps troublés, nous aide à vivre.
L’ode à la renaissance, New Day, fuit tout angélisme. Si le refrain chanté épanche un espoir solaire, salutaire, le rap des couplets nous replonge dans la réalité, suggérée par un chapelet des mots (« combat », « éclat », « planète », « Apaches », « exclus », « injustice », « exode »...). La musique, qui n’est pas sans rappeler le hip hop à son âge d’or (années 1990), porte en son sein une dualité, entre énergie stimulante et nostalgie d’une époque qui semblait meilleure. « Je pars de mon expérience personnelle, pour élargir mon propos jusqu’à un constat social, par touches, comme un peintre réaliserait un tableau. J’ai écrit cette chanson, alors que les Gilets jaunes manifestaient un peu partout. Je me sens concerné par l’avenir de l’humanité et de la planète ».
Il évoque l’exclusion infligée à divers pans de la population : les femmes, les enfants, les homosexuels (il leur adresse un clin d’œil dans le deuxième couplet, quand il scande « Soyons têtus »), sans oublier, aux quatre coins du monde, les migrants contraints à l’exode.