Elles chantaient à leurs âmes, pour adoucir un moment, pour retrouver de l’humanité. Elle chantaient l’amour, une histoire entendue, une chanson populaire. Elles chantaient tout sauf leurs conditions. Pas de musiciens, quelques notes simples, juste un chant, comme une fenêtre ouverte sur la liberté.
Seules avec leur émotion, leur vie, les coups, les abus, trop durs à exprimer, elles chantaient en résistance, laissaient respirer un peu de vie, ouvraient une faille dans une douleur sourde pour qu’un espoir s’y insère, comme poser une graine pour la laisser pousser.
Souvent, lorsque l’on évoque les chants d’esclaves, on ne fait allusion qu’aux hommes. Qu’en est-il des femmes ?
Qu’en est il de leur voix ? J’aimerai les faire chanter à toutes et à tous ces notes !
Transmettre ces textes, cette histoire, aider à faire raisonner cette manière de chanter si vraie dans la vie d’autres femmes d’aujourd’hui.
Voilà ce qui a guidée Sarah depuis le début, à faire cet album car chanter, c’est une certaine victoire sur la maltraitance et le silence.
Le chant se transmet, il laisse une trace, il permet de revendiquer, d’apaiser, de bercer.
Il permet à tous de nous lier, lier l’histoire des femmes, comme The story of Barbra Allen le quatrième titre de l’album issu d’une ballade traditionnelle écossaise du 17ème siècle et reprise par Hule ‘Queen’ Hines, esclave dans les champs. C’est Alan Lomax, ethnologue, qui lors de ses différents voyages a pu récolter les paroles et enregistrer cet héritage précieux d’hommes et de femmes inconnues.