D'où vient votre passion pour la musique et comment la ressentez-vous ?
Je dois avant tout ma passion pour la musique à mon père qui écoutait énormément de musique dans la voiture : du Jean Ferrat, Brassens, Balavoine… et aussi à mes oncles, cousins qui très souvent le soir et le weekend sortaient le sound system maison pour passer tout le répertoire créole à base de séga, maloya, seggae, reggae, zouk, kompa etc etc.
Pour la manière de le ressentir, je dirais que je me lève en musique, je m’endors en musique et j’ai tout le temps envie de créer, de composer, mon téléphone est rempli de notes vocales avec des idées de mélodies, de beats ou de paroles qui me viennent en permanence…
Pouvez-vous nous présenter l'album The Beachfront ?
Je dirais que c’est l’aboutissement de 3 ans de travail et de recherche avec mon binôme beatmaker et ingé-son TRKA. On l’a quasiment entièrement composé pendant le 1er confinement et enregistré/arrangé dans la foulée mais les sonorités, l’univers sont nés au fur et à mesure des singles qu’on a sortis depuis le début.
Pour dire deux mots de cet univers justement, disons qu’il est assez contemplatif et qu’il est ancré dans la période que l’on traverse mais j’ai aussi essayé d’amener un peu de poésie à tout ça à travers les lyrics. Je voulais que les chansons puissent encore avoir un sens dans plusieurs années.
Le but était de ne pas juste déverser nos angoisses sur les gens mais plutôt de prendre un peu de recul et d’amener si possible une touche d’espoir.
Comment composez-vous et aimez-vous vous réfugier sur une plage pour écrire ?
La plupart du temps, on se réunit avec TRKA dans son studio à Pantin et on part d’une idée de l’un ou de l’autre, d’une vibe qui puisse nous plaire à nous deux. Ensuite c’est étape par étape qu’on cherche les bons sons, les bons instruments pour créer quelque chose qui nous parle.
Une fois qu’un début de prod est né, je « topline », c'est-à-dire que je cherche des mélodies en me laissant aller sur le morceau et on trie tout ça pour que je puisse écrire quelque chose à partir de là.
Par rapport à la plage, je pense que ça pourrait être cool mais j’ai jamais eu l’occasion. J’écris surtout à Paris où j’habite maintenant et la plupart du temps, c’est au fond de mon lit dans le noir et le calme. C’est un exercice assez difficile pour moi vu que je ne suis pas complètement bilingue donc j’ai souvent besoin de bien me concentrer.
Est-ce que l'île de la Réunion, d'où vous êtes originaire, influence votre façon de faire de la musique ?
Je ne saurais pas dire jusqu’à quel point mais je ressens une connexion énorme avec mon île… Dans tous mes textes, il y a quasiment à chaque fois une référence à la Réunion. Mon imaginaire, mes rêves, tout est dirigé vers là-bas.
Après dans la musique même, je dirais que tout ce que j’écoute au quotidien me nourrit aussi et donc s’il y a une influence, elle est beaucoup plus diluée.
Quels sont vos choix sur le plan instrumental ?
Sur le plan instrumental, l’idée c’est de ne pas se fixer trop de limites. Ce qui nous rassemble avec TRKA, c’est l’envie d’apporter une touche personnelle sans être dans l’expérimental (et parfois la frontière est fine).
Mais on se fait confiance, on essaie des trucs et si ça nous donne le sourire, qu’on a plein d’idées qui arrivent pour continuer à développer une première vibe, on va au bout et on voit.
Mais pour résumer on aime quand la prod est assez puissante, moderne à la façon des beat hip hop/trap. Ensuite il faut que ça transporte quand on l’écoute, qu’il y ait un truc.
Parlez-nous du titre New Day et de son clip…
New Day c’est un titre bien à l’image de ce que je disais juste avant. Le beat est assez lourd et le refrain a quelque chose qui emporte ailleurs un peu, un côté presque rock, très puissant.
Sinon ça parle des angoisses, des peurs qu’on a tous pu ressentir au début de cette période sans concerts, sans vie sociale mais aussi du fait de trouver quelque chose en soi qui donne la force de passer au-dessus de tout ça. Dans mon cas par exemple, ça passe par la musique.
Le clip est réalisé comme quasi l’ensemble des clips, par TRKA et pour le coup le concept est très simple mais colle au morceau. C’est un vrai moment de partage entre nous, Faya Pyd et sa famille qu’on a réussi à retranscrire à l’écran, je crois. Et cette force qu’on s’est donnée et qu’on continue de s’apporter, on aimerait qu’elle soit communicative.
Vous avez échangé avec Faya Pyd sur ce titre. Comment cela s'est-il passé ?
Faya Pyd et moi, on s’est rencontrés au Rototom et c’était un an pile avant de tourner ce clip. On était placés à côté dans le camping et dès que j’ai sorti la guitare pour jouer quelques morceaux en attendant les concerts, il m’a rejoint et avant même de s’être présentés, on s’est retrouvés à chanter ensemble.
Ensuite, ça s'est fait naturellement, on a échangé nos contacts et on a eu envie de faire de la musique ensemble et on s’est donné les moyens de faire un feat à distance, qui corresponde à nos deux univers.
Comment se sont passés les enregistrements en studio de l'album ?
Très bien ! On a dû attendre le déconfinement pour pouvoir le faire donc on était très motivés. On a enchainé plusieurs jours d’affilée vu que j’avais quasiment tous les textes. Mais globalement, c’était fluide et on a encore pas mal appris grâce à cette expérience.
Que souhaitez-vous apporter au public avec votre premier album ?
Ce qui nous motive c’est d’apporter du bien-être, des bonnes ondes aux gens. On est en permanence entourés de choses négatives, surtout en ce moment et on essaie donc de proposer quelque chose d’autre. Bien-sûr, je mets beaucoup d’énergie dans mes textes pour partager une vision du monde aussi. Après, je fais attention de ne pas être moralisateur parce que moi même je travaille au quotidien pour m’améliorer.
Rien ne nous fait plus plaisir que de recevoir des petits messages, vidéos de gens qui dansent et s’amusent sur notre musique… sans avoir vraiment pu faire de concerts, on est déjà très contents d’avoir un public qui nous renvoie énormément de force !
Quels ont été vos choix sur l'artwork de l'album ?
Pour l’artwork, on voulait qu’il ressemble à notre projet, d’où ce côté illustration, assez artisanal.
Aussi, vu que tout ce qu’on produit est fait-maison, avec les moyens du bord, la cabane représente ce côté un peu roots dans la manière de faire les choses.
Bien-sûr, vu qu’on habite en pleine ville, qu’elle fait aussi partie de nous, et qu’elle influence beaucoup notre musique, on voulait qu’elle soit représentée mais plutôt en arrière-plan. Comme ça, on montre aussi à quel point le fait de créer notre propre musique nous permet de créer un univers à part, qui nous transporte aussi au quotidien dans une autre réalité.
Bien-sûr le côté mer et les pailles-en-queue (oiseau emblématique de la Réunion) sont un hommage de plus à la terre où je suis né.