A l’heure où tout accélère, où l’horloge antidate illico le moindre projet branché, Pauline Croze prend le temps de ne pas se presser. Hors des modes, elle joue non pas à contre-courant, juste en suivant sa pulsation intérieure.
Elis Regina et Les Eaux de Mars, Nougaro et sa reprise du terrible Berimbau, les exemples ne manquent pas, mais si elle les connaît bien, Pauline Croze a préféré ne pas s’y référer pour oser le défi de s’y mesurer. La chanteuse emprunte de longue date à la musique latine, notamment le son cubain, à l’Afrique qu’elle a sillonné lors d’une tournée en 2009. Elle y ajoute ses propres inflexions, comme désormais elle annote les classiques grande classe qui balisent l’histoire de la bossa : La Fille d’Ipanema, en se basant sur l’adaptation de Sacha Distel, autre esthète adepte, et Samba Saravah, cette âme bohème magnifiée par Pierre Barouh, Voce Abousou, où elle mixe la version française (Fais comme l’oiseau) et l’originale, et La Rua Madureira, une mélodie de toute beauté ciselée par Nino Ferrer. Autant d’hymnes à la belle ambigüité, à la douce amertume de cette samba aux teintes bleu nuit. Quant au « Jardin d’hiver », enregistré au crépuscule de sa vie par Henri Salvador, il s’enrichit de discrètes couleurs reggae…
Sons de synthé venant du r'n'b, échos de l'électro, samples de kora et de percussions maliennes, les arrangements offrent de nouvelles perspectives, un climat « electro-acoustique » propice à souligner l’élégance de la bossa nova. Totalement raccord, l’immense Brésilien Vinicius Cantuaria vient d’ailleurs donner la réplique le temps d’un titre. « C'est toujours un challenge de s’attaquer à des chansons ultra connues, reprend Minier. Le but était de coller à la voix au grain particulier de Pauline… »
Bossa Nova est un remède plus qu’un intermède, qui incline à prendre les chemins buissonniers, un nécessaire pas de côté qui incite à prendre la pause dans la folle course du monde…