Quelles icônes de la chanson française aborderez-vous dans cet EP ?
Notre musique est très imprégnée de la variété des années 70 et 80.
Au niveau des texte je suis très inspirée par William Sheller, Mylène Farmer, Etienne Daho, Alain Bashung.
Comment travaillez-vous avec Antonin Tardy à la création de cet opus ?
Nous travaillons l'un pour l'autre et bien sûr pour les autres.
Souvent je confie un texte à Antonin qui ensuite écrit la mélodie. Mais il peut arriver qu'il ait une idée de mélodie qui ensuite m'inspire des paroles. A la suite de ça nous faisons ce travail "l'un pour l'autre" j'adapte quelques mots pour coller au mieux à la musique, il change l'arrangement ou quelques notes pour être collé aux mots...
Nous faisons tout ensemble, je suis présente à toutes les étapes musicales. Cependant je préfère être seule pour écrire.
Qu'avez-vous apprécié dans la harpe et pourquoi avoir quitté cet instrument ?
J'ai toujours voulu jouer de cet instrument. Je ne sais pas vraiment pourquoi je l'ai choisi. C'est un instrument au son très pur mais aussi très vibratoire. Quand on joue de cet instrument on est enivré par le son, la table de résonance traverse tout le corps, c'est une expérience physique incroyable en plus du son que j'aime énormément. Je crois profondément à l'importance du plaisir physique quand on travaille un instrument. La douleur ne devrait pas en faire partie. C'est justement pour ça que j'ai quitté la harpe. J'ai fait une mauvaise rencontre, une professeure de harpe s'est attelée à briser physiquement et psychologiquement ce rapport formidable que j'avais à mon instrument.
Quel sera l'univers instrumental de cet EP ?
La harpe est au centre tout, après la voix bien entendu.
Nous faisons un travail très particulier sur cet instrument, car tout en exploitant son esthétique caractéristique, nous cherchons à briser les codes et à révolutionner l'image et le son de cet instrument.
La harpe peut jouer des gimmick très dansants, des lignes de basses, pour sortir de son carcan et de son piédestal.
Nous travaillons avec des synthés vintages également, des batteries acoustiques et électroniques, des basses qui groovent.
La voix est au centre de tout, dans une esthétique variété des années 70-80.
En quoi la crise du Covid que nous traversons affecte votre parcours artistique ?
Cela a été et est encore aujourd'hui très déroutant. Au départ je me suis sentie assommée, je devais beaucoup jouer en tant qu'actrice. Cela a mit un grand coup d'arrêt. Je devais sortir un autre single à la place d'Orange Sanguine.
Durant le premier confinement j'ai commencé quelque chose que je n'avais jamais fait auparavant : chanter tous les jours une chanson en m'accompagnant à la harpe, au choix des mes ami.e.s Facebook. Cela m'a beaucoup amusée et m'a connecté à mon instrument d'une autre manière. Aujourd'hui je suis dans une démarche de résistance. Je créé, je travaille beaucoup, je ne sais pas de quoi demain sera fait, et c'est très perturbant mais ne pas travailler me met trop en colère.
J'attends avec impatience de pouvoir à nouveau fouler les planches. Quel manque !
Parlez-nous du titre Orange sanguine...
Orange Sanguine est née pendant le 1er confinement, j'étais transportée par une vague d'espoir et j'avais un grand besoin d'une chanson libératrice, dansante, disco ! Je voulais parler des menstruations sous un angle festif, engagé, coloré et sans-concessions.
Pour une fois nous avons du travailler séparément Antonin et moi (à cause du confinement). La préparation a ensuite été très vite, l'enregistrement, le clip aussi. J'ai travaillé avec une jeune réalisatrice, Anouk Trégan, très engagée elle aussi et qui partageait mes envies d'engagement et esthétiques sur ce film.
Tout a été très fluide, très évident.