Le disque s’ouvre avec l’inédite et ténébreuse "Amusement Park" dont les premières notes de guitare et de wurlitzer font la signature de Michaux : un son chaud, dense et profond omniprésent dans Amour, Colère. L’auteur-compositeur belge y joue tous les instruments mélodiques, accompagné du batteur Morgan Vigilante qui imprime là le rythme lancinant de cette magnifique complainte.
"J’ai commencé l’écriture d’Amusement Park dans l’appartement de mon ami Grégoire Maus, fondateur de Capitane Records.
Il possède un splendide piano droit qui se tient là majestueux dans un coin du salon. Grégoire et sa femme Chantal étaient de sortie ce soir-là et j’étais seul dans l’appartement.
J’ai commencé à jouer et improviser autour de quelques accords mineurs et une mélodie est apparue dans ma tête. J’ai levé les yeux et à côté du piano étaient disposées des photos de vacances prises lors d’un séjour de la famille de Grégoire en Norvège. J’ai commencé à chanter des mots très simples sur cette mélodie et assez vite la chanson a pris forme. « Holidays in Norway sure were a lot of fun and we starred at the sun for a while ».
Grâce à la juxtaposition d’images heureuses et douloureuses, j’ai essayé d’exprimer la fragilité de la beauté et de l’amour face au long et minutieux travail de démolition qui est en cours. Il y a un enjeu anthropologique fondamental en ce moment : l’être humain peut-il redevenir autre chose qu’un robot qui détruit tout sur son passage, pouvons-nous encore en tant qu’espèce cultiver un autre rapport au monde que celui qui est le nôtre actuellement basé principalement sur la pillage et la destruction.
Je pense que d’une manière ou d’une autre, nous sommes tous plus ou moins traversés par les questionnements que la chanson évoque. Nous sommes tous plus ou moins des anges déchus, des animaux sauvages qui font le tour de leur cage, des dieux grecs errant sur un parking de grande surface."
Le clip qui accompagne le single a été réalisé par Kevin Antoine et François Dubois et a été tourné à Copenhague et sa banlieue. Il met en scène Nicolas Michaux dans un road-trip naturaliste dans lequel il vagabonde dans des terrains vagues et le long des quais des ports industriels. Une sorte de documentaire magnifié sur les errances d’un musicien aux confins du monde moderne où tout se détruit et se reconstruit chaque jour, où la nature ne cesse de repousser entre deux containers.