Artisan du son et de l’image, Michaux revendique volontiers la lenteur. Son travail d’écriture et de production s’étire parfois sur plusieurs années, chaque chanson étant remise sur le métier autant de fois qu’il le faut, jusqu’à ce qu’elle trouve sa forme finale et idéale. Pendant la création d’Amour Colère, Michaux a écrit et produit une petite vingtaine de morceaux, pour finalement n'en garder que 10 sur le disque. Un an après sa sortie, l’auteur-compositeur lève le voile sur la genèse de cet album en partageant des inédits et des versions alternatives de la période Amour Colère de sa vie, concluant ainsi un chapitre pour pouvoir se donner pleinement au suivant.
Le disque s’ouvre avec l’inédite et ténébreuse Amusement Park dont les premières notes de guitare et de wurlitzer font la signature de Michaux : un son chaud, dense et profond omniprésent dans Amour, Colère.
Il dévoile une face plus psychédélique de son travail sur "Weary Sailors", véritable voyage sonore et harmonique, tandis que "Harvesters (Alternate Version)" (introduction d’Amour Colère) s’illustre dans un arrangement acoustique somptueux aux accents éthérés, rappelant Tim Buckley ou encore le Harry Nilsson de Midnight Cowboy. Toujours dans cette veine, "Nos Retrouvailles (Demo)" est une version lente et organique du single du même nom dans lequel les voix de Michaux, les guitares et le Wurlitzer s’entremêlent pour nous emmener dans la nuit d’un monde sans âge où les cités sont idéales et les amants en cavale. L’inédit "Inauguration" témoigne de l’amour de Michaux pour la chanson française. Cette valse à 5 temps, synthétique et hors du temps nous raconte une histoire de rénovation urbaine qui laisse froid et dubitatifs les habitants. « Un parking à ciel ouvert où nous nous vivons, dont nous nous faisons une maison ».
La face B s’ouvre avec trois morceaux d’Amour Colère enregistrés en live avec The Soldiers of Love à la Free House, le studio de Capitane Records. Accompagné par son groupe, le travail de Michaux prend une nouvelle envergure. La version de "Parrot" se démarque notamment par son intensité et surtout par le solo de guitare expressionniste de Clément Nourry, puisant dans le funk rock et le bruitisme.
"De la fortune" est construit sur un seul accord, exprimant une petite leçon de sagesse aux accents orientaux : « De la fortune tu ne connais que le nom ». La production inventive et chatoyante de Michaux crée ici une enveloppe sonore qui nous emmène vers d’autres états de conscience.
L’instrumental et minimaliste "Choming Out" (référence au collectif liégeois de lutte contre l’emploi) conclut cette collection d’enregistrements, plongée au coeur du travail d’un artiste qui surprend encore et toujours par l’envergure et le savoir-faire de sa proposition.