D'où vient votre passion pour la musique ?
Dès l'enfance j'écrivais poèmes et chansons. J'ai étudié le piano et le chant au conservatoire, et dès l'adolescence je faisais mes premières armes sur scène avec différents groupes. Je passais mes journées à chanter.
Pouvez-vous nous présenter votre album Orage ?
C'est un album introspectif et intimiste, un bouillonnement d'émotions qui avaient besoin de sortir. Le nom "Orage" m'est venu.
Quelles sont vos inspirations et comment avez-vous composé cet album ?
C'est surtout dans les moments difficiles, de remise en question que j'ai composé ces morceaux. C'est une échappatoire, un moyen de faire face et de trouver du sens. Les chansons me viennent d'elle mêmes, je ne sais pas ce que je vais dire ni comment à l'avance, et souvent je ne comprends mes textes et mon ressenti qu'après avoir composé en réécoutant les morceaux.
Pourquoi souhaitez-vous aborder des thèmes comme la filiation, la parentalité, les violences faites aux femmes, l'amour... dans vos textes ?
Je parle de ce qui me touche, de très près, ce sont des expériences vécues qui m'inspirent.
Quels ont été vos choix sur le plan instrumental ?
Je souhaitais rester le plus authentique et intimiste possible, au plus proche de ma configuration de scène. Il y a donc le piano en base de fond comme lors de mes processus de compositions solitaires, le violoncelle résulte de ma rencontre avec Inès Abdesselam qui a tout de suite mis sa touche sur les chansons. Ça a immédiatement fonctionné et il était évident de le retrouver sur l'album. La batterie était indispensable sur la quasi-totalité des morceaux, et avec Gabriel du studio Ouest Record de Coulon (79), nous avons choisi d'incorporer très peu d'effets de son pour un rendu le plus naturel possible.
Comment se sont passés les enregistrements en studio ?
Les enregistrements ont été faciles, encore une fois grâce à des rencontres magiques. Inès est venue poser en studio ce qu'elle jouait en live au violoncelle, elle a été d'une rapidité et d'une efficacité détonantes, avec de nouvelles idées comme jouer des harmoniques sur That's you when you shine, ou des contre chants à rajouter.
Parlez-nous du titre Set me free et de son clip...
Il était important pour moi de sortir de nouveau cette chanson qui était sur le premier album, dans une version qui me ressemblait plus. Elle parle d'émancipation, de ne pas se laisser être prisonnier, de repousser la fatalité et de se libérer de ses chaînes. C'est tout à fait d'actualité en ce qui me concerne. C'est un processus long et souvent douloureux rempli de doutes et de remises en question, mais le jeu en vaut la chandelle. J'ai choisi d'être seule sur le clip pour tenter de m'assumer comme dans le texte de la chanson, de montrer qu'on n'a pas besoin de chercher constamment l'approbation des autres, que notre pensée est légitime. Le clip a été tourné dans la carrière des plombs d'Abscon dans le nord pas de Calais, dans une cuvette en renfoncement cachée que peu connaissaient, un endroit magique auquel je me rendais le plus souvent possible après l'avoir découvert.
Que souhaitez-vous transmettre au public avec l'album Orage ?
J'aimerais que les auditeurs qui se reconnaissent dans cet album se sentent compris, moins seuls dans leur ressenti. Quand j'écoute les artistes que j'aime, je me sens réconfortée, comme si quelqu'un me disait "ça va aller" et me légitimait dans mes émotions. J'aimerais pouvoir apporter ce réconfort à ceux qui en ont besoin, transmettre de l'empathie, de la bienveillance, et aussi la force de s'en sortir, d'aller de l'avant.
Avez-vous une anecdote à nous raconter sur l'album Orage ?
J'en ai déjà joué une partie sous la pluie ! Un événement privé en extérieur en août et la pluie s'invite, sacrée ironie !
Sur cet album il y a la chanson éponyme qui dit "laisse couler la pluie, qu'il pleuve (...)", ce qui signifie que peu importe les conditions, j'accepte qui je suis dans cette situation. Son refrain "Je me sens orage" transcrit bien ce bouillonnement d'émotions interne et son besoin de se canaliser. "Feels like" est une composition sur l'hypersensibilité, et je l'ai aujourd'hui traduite en français en : pluie. Le refrain est une métaphore sur les larmes qui coulent comme une rivière, que je suis en train de pleuvoir mes émotions, qu'elles n'ont pas de frontières.
Quels souvenirs gardez-vous du Tremplin "Coup de Ressort" que vous avez remporté en 2018 ?
Je garde de merveilleux souvenirs du tremplin Coup de Ressort. Tout d'abord l'équipe de musiciens qui m'accompagnait à ce moment-là, ma choriste Julie Maresq qui a une voix et une présence extraordinaire, Bertrand Dalbois qui était à la basse, Baptiste Parsy à la batterie. Ensuite un accompagnement bienveillant et porteur de l'Escapade d'Henin Beaumont, ils nous ont permis de commencer à se professionnaliser avec ce projet et nous avons appris énormément. La résidence avec bilan artistique en partenariat avec) l'ARA de Roubaix était intense et magique. Les intervenants au top, et c'est là que malgré les difficultés et mes peurs j'ai appris à prendre confiance en moi. Pour finir, les spectacles pluridisciplinaires d'ouverture et fermeture de saison resteront à jamais dans ma mémoire, animer le bâtiment, son jardin, même ses toilettes (!) avec des compagnies de théâtre "Les Bourgeois de Kiev" et "Avant l'aube" et l'autrice Samira El Avachi.
Que souhaitez-vous dire pour terminer ?
Je souhaite souhaiter bon courage à tous en cette période difficile et incroyable que nous vivons avec entre autres cette pandémie. Je vois beaucoup de résilience autour de moi, nous montrons à quel point nous sommes capables de changer nos habitudes, de nous adapter, et d'être solidaires. C'est porteur d'espoir.
Merci à Lyz d'avoir répondu à notre interview !