Le réalisateur Christophe Perray a traduit cette urgence à laisser les choses derrière soi par un remarquable plan séquence qui couvre toute la chanson. Au cours de cette joyeuse déambulation champêtre, Lewis Evans croise et même heurte de nombreux personnages (ange, démon, musiciens...) qui ne le détournent pas de son envie de partir. Il reste, tout au long de son chemin, fidèle à sa guitare, le seul bagage de l'artiste.
Pour les psychologues, convaincus de longue date des bienfaits du jardinage, Lewis Evans serait un formidable cas d’école : au printemps 2021, devenu stagiaire au service espaces verts de Granville, en plein toilettage d’une haie, il a retrouvé le sens de sa carrière musicale.
Depuis des mois, il la regardait dans le rétroviseur, après avoir vendu ses guitares, archivé ses souvenirs de front man des Lanskies et oublié ses années solos marquées par de belles collaborations (Juliette Armanet, Kerenn Ann, Herman Dune, Gaëtan Roussel...).
Trop difficile de vivre de son art, trop de responsabilités, trop de questions.
« En me libérant de ces contraintes, je me suis aperçu ce jour-là qu’il me restait le pur plaisir de la musique, se souvient Lewis. Sécateur en main, des mélodies me sont venues comme des révélations. Sans rien planifier, en quelques semaines, dix nouvelles chansons étaient prêtes à enregistrer. »
Le résultat de cette épiphanie horticole, c’est « L’Ascension », sur ZRP, le label d’Isabelle Chapis. Une envie de regravir la pente mais sans recommencer la même chose. À son habitude, Lewis Evans charpente ses chansons intimistes comme autant de tubes, une science inspirée du songwriting de Leonard Cohen, des épopées d’Echo and The Bunnymen ou des hymnes d’Oasis.