D'où vient votre passion pour la musique ?
Elle s'est installée progressivement. J'ai commencé la musique par la guitare quand j'avais 10 ans et elle ne m'a plus jamais lâché. J'ai suivi des cours et j'ai appris beaucoup de notions théoriques avant de commencer à écrire mes premiers textes. C'est là que je me suis pris de passion pour l'écriture. Je suis passé par le rock et le punk, puis par le reggae et peu à peu j'ai découvert le rap avec lequel on a la capacité de dire beaucoup de choses en peu de temps. Il se prête aussi bien à la colère qu’à la tendresse et se mélange avec un peu tous les autres styles de musique. Depuis, dès que j’ai quelque chose dans la tête ou sur le cœur, j'en fais une chanson.
Pouvez-vous nous présenter votre album Double Dose et son univers ?
Double Dose est la suite logique de mon projet précédent "L'ombre d'un premier album". Comme pour ce dernier, j’ai voulu essayer plein de choses. J’ai fait des morceaux autotunés plutôt trap, du reggae, du boombap, du dancehall aux refrains en occitan. Il y a même un morceau de funk !
Au niveau des textes j'y parle beaucoup de moi, de mon quotidien, de ma vision de la société, de mes sentiments et de mes insomnies. Il y a aussi des textes plus engagés, d’autres plus dansants. Bien sûr, comme souvent j’y parle de Marseille, de son évolution, de ses problèmes et de mon amour pour elle.
En quoi la ville de Marseille influence votre musique ?
Du fait de son passé et de son statut de port antique tourné vers la Méditerranée, Marseille est une ville qui a toujours eu une culture particulièrement riche et diversifiée. Ça s'en ressent jusque dans sa musique aux sonorités variées et au grain si singulier.
C'est cette "Musique Marseillaise" qui m'a bercé toute mon enfance et qui m'a accompagné dans tout mon parcours musical. J’ai toujours été influencé par des artistes comme le Massilia Sound System, IAM ou Keny Arkana. Même la langue provençale et les polyphonies occitanes se retrouvent dans ma musique. De toutes ses influences, j’en ai fait un mélange à ma façon tout en essayant de rester dans la lignée de ce que j’ai toujours connu.
Quels ont été vos choix sur le plan instrumental ?
C’est difficile à dire, je compose énormément d’instrumentales. Certaines ne sont jamais finies, d’autres sont mises à disposition librement et gratuitement via la chaîne YouTube du label La Boit’a’Zik. Et puis, quand une prod m’inspire plus que les autres, je la mets de côté et un morceau en découle.
En l'occurrence, sur l’album il y a un mélange de M.A.O et de samples auquel j’ai parfois décidé d’ajouter des instruments ou des voix en fonction des besoins du morceau. Un solo de guitare ou une ligne de basse funky par exemple. Pour se faire, j’ai fait appel à mon entourage proche, des amis qui sont souvent de très bons musiciens. On retrouve entre autres la basse de Thomas Sinanian (Totibass sur les réseaux) sur Ma Cançoneta et R’evolution ou la voix de Steb.Dallman sur R’evolution également.
Comment se sont passés les enregistrements en studio ?
Je n'ai pas enregistré en studio. Tout l'album a été écrit, composé et enregistré chez moi, avec les moyens du bord. Même le mastering a été fait par un pote à moi sur son ordinateur personnel. Les autres musiciens ont enregistré soit chez moi, soit directement chez eux mais dans les mêmes conditions.
C’est un travail long et fastidieux qui demande beaucoup d’organisation et d’énergie mais même de cette façon on arrive à un résultat très satisfaisant et le sentiment du travail accompli à la fin du projet n’en est que meilleur !
Parlez-nous du titre Ma Cançoneta et de son clip...
J’ai composé Ma Cançoneta avec l’envie de pouvoir, si l’occasion se présente, faire un morceau avec une batucada ou un groupe de percussionnistes. Évidemment, la piste du ragga marseillais m’a tout de suite attiré ! J’ai donc associé les percussions à des synthés électroniques et j’ai chanté un refrain en provençal. Le texte est très imprégné du sale caractère que l’on prête aux marseillais mais que voulez-vous ? J’y peux rien…
Le clip a été réalisé par Théo Longo - qui me suit depuis toujours et qui a d’ailleurs réalisé tous mes clips - et financé grâce à des dons sur la plateforme Ulule au même titre qu’une grosse partie du projet. C’est la première fois qu’on avait un vrai budget pour faire un clip, du coup on en a vraiment profité ! On a loué beaucoup de matériel, on a tourné sur plusieurs jours dans de nombreux décors différents et on a même eu le luxe de pouvoir rémunérer des figurants. Grâce à ça, on a pu avoir l'énergie et les chorégraphies de Richard Pop et les plans magnifiques de Steb.Dallman, le batteur urbain.
Que souhaitez-vous transmettre au public avec l'album Double dose ?
Je pense que la meilleure chose à transmettre quand on fait de la musique, et de l’art en général, c’est une émotion. Que ce soit de la joie, de la tristesse, de la colère, du rire, de la gène ou de l’empathie, du moment que Double Dose ne laisse pas le public indifférent, il aura rempli sa mission.
Que peut-on savoir de la pochette du disque ?
Cet album, comme la plupart de mes projets, s’est doucement construit au fil de longues nuits d’insomnies. L’image du hibou, qui dort le jour et veille la nuit, s’est faite une place dans ma tête et une chanson en a découlé. Le morceau Fukuro est une référence directe à tout ça. Peu à peu, j’ai fini par faire du hibou mon totem et il m’a semblé évident de le mettre sur la pochette pour représenter ce projet.
Le visuel a été dessiné par Roxys Mafdet, une artiste dessinatrice et tatoueuse marseillaise.
Une indiscrétion à nous donner sur l'album Double dose ?
Comme je l'ai dit tout à l'heure, Double Dose a été entièrement autoproduit et réalisé chez moi. C'est à la fois une grande fierté et une énorme source de stress. Notamment au moment où mon ordinateur, contenant toutes les pistes, a planté à quelques jours de la fin de mon mixage. J'ai failli perdre les deux tiers de ce que j'avais composé et enregistré après des mois de travail. Finalement, on a pris quelques semaines de retard mais j'ai réussi à récupérer la quasi-totalité du projet. C’est ce qu’on appelle les risques du métier...
Des concerts sont-ils prochainement prévus et qu'appréciez-vous dans la scène ?
C'est évidemment en projet pour un futur très proche mais aucune date n'est prévue pour le moment. On préfère préparer correctement notre set et débarquer en trombe sur les scènes quand tout sera prêt.
Pour moi, chaque concert est un combat: on monte sur le ring avec une boule au ventre, on donne tout ce qu’on a et on en ressort plus libéré. Et puis, comment ne pas succomber au charme électrique des petites salles marseillaises ! J’ai hâte de remonter sur scène après 2 ans d'absence mais je préfère prendre le temps d’être bien préparé. Je communiquerai toutes les futures dates sur mes réseaux.
Que souhaitez-vous dire pour conclure ?
Qu’il faut toujours croire en soi, croire en son art et se lancer. Ca fait un peu bateau dit comme ça mais on pas besoin de grand chose pour créer et produire des choses. On peut très bien mixer 300 pistes à la maison avec une carte son et un logiciel. Le reste, ça viendra petit à petit mais je fais partie de ceux qui pensent que toute œuvre, quelle qu’elle soit, finit toujours par trouver un public.
Merci à Kenny LCT d'avoir répondu à notre interview !