Pouvez-vous nous présenter votre deuxième album L'oasis et son univers ?
C’est de la chanson française dans un univers plutôt folk avec des textes parfois denses ou au contraire assez épurés.
Comme sur le précédent, l'instrumentation est boisée, des guitares acoustiques et électriques, une contrebasse, de la mandoline et du banjo, trois percussionnistes dont une joueuse de marimba, de la clarinette basse, des cordes, quelques claviers… J’ai pris soin de travailler la production de façon à ce qu’elle ne souffre pas trop avec les années. En général sur mes albums je privilégie les vrais instruments, l’analogique plutôt que le numérique, la poésie, la lenteur, la rugosité, la sueur.
L’écriture des textes ont une forme délibérément classique, du moins en apparence, voire médiévale. De petites histoires qui se voudraient intemporelles, pas tout à fait quelque chose qui se réclame de l’ère du temps.
Pour définir le style en trois syllabes, je dis que c’est du « Folk Nouveau » car je me sens autant influencé par Brassens que par Cohen mais musicalement, il y a une recherche sur le son, quelque chose d’assez organique et des passages instrumentaux que l’on crée ensemble avec mes musiciens.
Quelles sont vos sources d'inspiration et est-ce qu'il y a un endroit dans lequel aimez composer ?
Je creuse en général dans le terreau de mes expériences. Les thèmes que j’aborde en général sont assez universels et quand ils traitent d'un sujet d’actualité (par exemple : La plage, qui parle d’un exil ou La ruade, d'une dictature), ils le font toujours dans un contexte plus large et dans une temporalité plus vaste que l’ici et maintenant. Dans ce deuxième album je parle aussi de l’enfance, des rosiers de mon grand-père, d’amour, d’exorcisme, de cailloux…
J’aime composer partout, mais c’est plus difficile de le faire chez moi car je suis vite happé par le quotidien. Quand c’est possible, je préfère m’isoler pour écrire et composer, aussi pour ne pas trop l’infliger à mes proches, c’est pour moi un processus assez bullique, sans m’en rendre compte je deviens un peu distant et distrait ce qui paradoxalement prend de la place.
Que représente la musique pour vous et quelle importance accordez-vous aux textes ?
Je leur accorde autant d’importance à tous les deux. J’essaye que la musique ne soit pas qu’un simple habillage mais agisse aussi comme un élément dramaturgique pour révéler d’autres lectures de mes textes, ceux-ci se meuvent dans des arrangements parfois fouillés et dont le rôle est un peu scénographique.
Je travaille autant les textures que les mots.
Vous avez écrit notamment sur une ile italienne et à Aix en Provence, en quoi ces voyages vous permettent de trouver de nouvelles idées pour l'album L'oasis et d'où vient l'idée du nom de l'album d'ailleurs ?
Sur Comacina, cette île Italienne où j’ai séjourné durant trois semaines, j’ai notamment écrit La plage. Dans cette chanson j’incarne un homme qui sur un coup de tête emmène sa femme et son fils en vacances, au fur et à mesure des couplets on comprend qu’il s’agit d’un exil forcé. Bien que l’île de situe sur le Lac de Côme et non en Méditerranée, c’était pendant l’été 2016, on parlait beaucoup de l’île de Lampedusa et des nombreux bateaux de migrants qui y ont échoué, cela m’a marqué comme pour beaucoup de gens.
Le nom L’oasis vient d’une chanson du même nom, elle fait référence à la serre de mon grand-père qui inventait des roses parfumées, j’ai pensé que ce titre ferait un bon titre pour l’album aussi, comme une invitation dans ma serre à moi.
Est-il possible de nous partager les coulisses des enregistrements en studio qui ont déjà commencé ?
C’était une ambiance sereine et bon enfant. J’ai créé un nouveau groupe pour enregistrer les bases, deux des musiciens (Raphaël Dumas et Mathieu Verkaeren) sont de vieux complices, ils ont rencontré les deux autres (Wilfried Manzanza et Nyllo Canela) le jour du studio et ça a fonctionné. Nous jouerons dans cette formule quintet le jour du concert de sortie à Bruxelles le 25 avril et pour d’autres futures dates aussi.