Pouvez-vous nous présenter l'album Bleu ?
Je suis Garance, autrice-compositrice-interprète, et quand j'ai écrit BLEU j'avais envie de raconter, au travers d'une histoire d'amour, le parcours d'une jeune femme dans un contexte sociétal, une femme qui craque à un moment de sa vie où elle prend conscience du système dans lequel elle s'est perdue.
''Qui a décidé à ma place ?''
Le travail d'écriture des chansons a été fait principalement en atelier avec Anne Sylvestre, et le fil rouge de BLEU en a découlé. J'ai eu envie de raconter une histoire, la mienne un peu, la tienne peut-être. Dans cette histoire d'amour je balaie schémas, codes de genres, répartition des tâches, violences, espoirs de fleur bleue. Le spectacle s'ouvre sur cette question : Qu'est-ce que je fais, moi, aujourd'hui, de l'héritage féministe de ma mère ?
BLEU est un spectacle, le spectacle va être enregistré, et BLEU sera un disque.
Pourquoi le projet s'appelle-t-il Bleu et qu'appréciez-vous dans cette couleur ?
C'est une couleur qui s'est retrouvée dans beaucoup de mes chansons ces dernières années, quand je m'en suis rendu compte j'ai voulu tirer un peu plus le fil, continuer d'explorer les nuances, et l'histoire de BLEU est née.
Bleu comme ce en quoi on croit, bleu qui élève ou qui soumet, bleu qui nous perd et mène à la lisière. Bleu comme un espoir.
En quoi était-ce important de l'enregistrer en public et faire un album live ?
Les chansons sont aujourd'hui tellement ancrées dans l'histoire que je raconte au sein du spectacle qu'il devenait absurde de séparer les textes du récit du concert.
Donc ça a été une évidence de faire un album en public.
Qu'appréciez-vous dans la participation du public au Forum Léo Ferré les 15/02 et 06/03 à cet album ?
Nous avons déjà joué la première date, la seconde approche. Je connais bien cette salle, j'y ai beaucoup joué et c'est un peu la famille. Et c'est très agréable de retrouver les spectateurs qui me suivent depuis longtemps, tout comme de voir des nouvelles personnes qui sont des habituées du Forum.
En tant qu'artiste, qu'est ce qu'un album live change par rapport à celui qu'on enregistre en studio ?
Je suis une artiste de scène, les disques sont pour moi une manière de rester en lien avec le public. Faire un live est donc pour moi quelque chose d'évident et je suis contente de prendre ce risque. Ce sera imparfait, contrairement au studio où on peut tout contrôler, et c'est aussi cela qui me plaît. Ce sera un disque à taille humaine.
Peut-on en savoir plus sur le spectacle de Bleu et sa mise en scène ?
J'ai écrit le spectacle seule, et je travaille avec mes musiciens Daniel Jea et Gabriel Le Masne pour les arrangements. Nous sommes dans une formule électrique qui tire vers le pop rock ou vers la folk, entre chansons énergiques et chansons douces. Le spectacle est découpé en trois actes au sein desquels on voyage entre récit et chansons. Dans ce spectacle je m'adresse directement au public pour lui raconter mon histoire.
Que faites-vous avant de monter sur scène ?
On se prépare entre nous, on aime bien se retrouver en loge et en général on rigole pas mal, ça fait descendre le trac. Et le rituel du maquillage est important, c'est un petit moment calme à moi.
Parlez nous du titre J'te l'dis tout de suite...
C'est un titre plutôt léger qui se situe au début du spectacle, un début d'histoire d'amour où le personnage féminin se permet de draguer ouvertement le personnage masculin. L'idée est de renverser dès le début la tendance qui dit que c'est l'homme qui fait le premier pas. De dire que les femmes ont aussi le droit d'exprimer un désir sans être tout de suite cataloguées comme des ''salopes'' ou des ''filles faciles'', ou que leur valeur en prenne un coup, au fameux jeu du ''fuis-moi je te suis''.
Selon vous, que doit transmettre la musique ?
Pour moi les paroles et la musique doivent s'enchevêtrer de manière intime et naturelle, ça doit être une évidence, sinon on le sent et ça ne prend pas, l'émotion et le groove ne peuvent pas tricher.
Qu'est ce qui vous a motivé à faire un financement participatif ?
Je n'ai pas de label et donc je n'ai pas la possibilité de faire des demandes de subvention. Mon dernier album date de 2014 et depuis les chansons passent dans le concert et disparaissent. Ça me fendait le coeur de voir toutes ces chansons dans l'oubli. Ça faisait un moment que mes spectateurs me demandaient de faire un financement participatif, pour pouvoir m'aider à faire ce troisième disque. J'ai décidé qu'il était temps.
Qu'est ce qui vous a poussé à un tel revirement, alors que vous n'y étiez pas favorable par le passé ?
J'étais réticente parce que politiquement contre. L'État se désengage de plus en plus et les budgets de la culture diminuent, les festivals disparaissent et on est à l'ère où on vend un chanteur seul sur scène avec une bande son sur un Macintosh. Je refusais donc par principe, en disant que si je n'avais pas de subventions et bien je ne ferai simplement pas d'album. Et puis je me suis retrouvée face à un constat : je continue de jouer beaucoup et je n'ai plus rien à proposer à mes spectateurs à la fin des concerts, les chansons des disques ne correspondant plus au set live. Puisque depuis le début j'ai des spectateurs très engagés et fidèles, je me suis dit que finalement ça tombait sous le sens ce financement participatif.