Pouvez-vous revenir sur les grandes lignes de votre carrière artistique pour commencer ?
Mes influences musicales sont assez variées. J’ai été bercée par l’opéra et la musique classique, j’ai aussi beaucoup écouté de chanson française, de jazz, de la musique brésilienne. De la chanson italienne aussi, reflet de mes origines.
J’ai sorti un premier EP digital La première fois en 2011, qui a marqué le début de ma collaboration avec Pierre Faa, auteur-compositeur-interprète de talent. J’ai ensuite été en résidence une première fois au théâtre Les Déchargeurs en 2011 avec le spectacle Les mots, mes fleurs, et ai alors sorti mon premier album Robes du soir en 2012, réalisé de nouveau avec la complicité de Pierre Faa. Ce premier album m’a fait écumer les petites salles parisiennes avec bonheur… Après la sortie de mon deuxième EP Reprises : Robe du soir et accessoires en 2013, j’ai décidé de revisiter l’univers de Françoise Hardy autour de l’exploration du lien amoureux, dans le spectacle Messages personnels, joué au théâtre Les Déchargeurs en 2015 et 2016, qui s’est prolongé par la sortie de l’album du même nom.
Est-il possible de nous présenter votre album Messages personnels ?
Il s’agit d’un album de reprises de Françoise Hardy, que nous avons arrangé avec Paul Abirached (guitares), Philippe Istria (percussions) et Pierre Faa (mixages et collaborations variées). C’est un album qui a été enregistré dans le prolongement du spectacle Messages personnels, joué au théâtre Les Déchargeurs à Paris avec Paul et Philippe et mis en scène par Stéphane Ly-Cuong en janvier-février 2015 puis en novembre-décembre 2016. L’idée originale en revient à mes amis Eric Chemouny, auteur et journaliste, et Pierre Faa.
Pourquoi reprendre des titres de Françoise Hardy ?
L’univers de Françoise Hardy m’a toujours beaucoup touchée, notamment au travers de sa mélancolie, de l’exploration du sentiment amoureux et de la complexité des sentiments, qu’elle décline depuis quelques années maintenant ! Je suis admirative de ses textes ciselés, de son parcours, de la richesse de ses collaborations musicales… J’ai eu envie de proposer ma vision de son univers, en premier lieu bien sûr car il me fait vibrer, mais également car ses chansons ont très peu vécu sur scène, Françoise Hardy ayant cessé de faire des concerts à partir de 1968. J’ai eu envie de leur redonner des couleurs, à ma manière ! Et nous avons tâché avec Paul, Pierre et Philippe, d’orner les treize chansons de l’album de couleurs musicales variées et différentes des titres originaux. Une relecture personnelle et un hommage, en somme.
N'avez-vous pas eu la pression ou des craintes de mal interpréter un titre lors des enregistrements en studio ?
J’ai eu envie de faire un bel album bien sûr. Mais je me suis sentie libre sur ce projet, portée par les arrangements délicats, subtils et variés de mes camarades Paul Abirached, Philippe Istria et Pierre Faa. Nous avions le désir très net de nous éloigner des arrangements originaux, sans être certains bien sûr que le public suivrait. Les critiques de la presse, les retours que j’ai eu du public du théâtre les Déchargeurs pendant nos quatre mois de résidence en 2015 et en 2016 et les commentaires de spectateurs après les concerts ou publiés sur les sites de réservation de billets m’ont confortée dans l’idée que ces relectures procuraient des émotions fortes et pouvaient faire voyager, d’une autre façon certes que les titres originaux.
Quel est votre titre préféré sur cet album ?
J’aime tout particulièrement Soleil, pour le contraste de sa douce mélancolie avec une atmosphère solaire de mer, de plage, de lumière et de parfums d’été. D’origine italienne et méditerranéenne, j’ai passé beaucoup de temps à la mer, au soleil, à nager, marcher et rêver dans les vagues et sur le sable. J’en ai toujours un très grand besoin ! Mais j’aime aussi la pluie, reflet de ma vie parisienne ! À cet égard, la chanson Même sous la pluie me touche beaucoup, j’adore la chanter, sur le fil des émotions et avec quelques touches de clavier électronique.
Vous avez été programmée dans El hexágono (un programme de musique francophone) sur Radio 3 en Espagne. Vous attendiez-vous à avoir cette diffusion à l'étranger si rapidement ?
Les programmateurs de El Hexagono me suivent depuis mes premiers albums et je suis ravie de figurer régulièrement dans leur programmation. Ils connaissent très bien la chanson française et la mettent en avant avec beaucoup de cœur, cela fait très plaisir, cet écho de musique française venue d’Espagne…
Pourquoi avoir choisi le titre Messages personnels pour l'album ?
L’usage du pluriel sur ce titre et album incontournables de Françoise Hardy m’a semblé naturel, pour lui donner une connotation personnelle justement, une touche singulière et plurielle. Comme une envie de distiller des messages d’amour, au public, et à Françoise Hardy bien sûr. Et puis l’album original Message personnel est sorti juste au moment de ma naissance, j’y ai vu un petit clin d’œil, une résonance.
Avez-vous eu un avis de Françoise Hardy sur cet album ?
Nous avons eu l’occasion d’échanger avec Françoise Hardy au moment de mes premiers concerts au théâtre des Déchargeurs en 2015.
À l’époque elle avait des problèmes de santé - qui sont heureusement derrière elle à présent - et elle n’avait pas pu venir. Je lui ai envoyé l’album et serais ravie d’en discuter avec elle.
Le 28 mars vous serez en showcase à Paris. Comment vous sentez-vous lors des concerts avec le public ?
J’ai la chance et l’opportunité de pouvoir organiser un showcase le 28 mars dans un lieu très singulier, l’appartement-Musée de Auguste Comte à Paris dans le quartier latin. C’est un lieu chargé d’histoire, chargé également d’une certaine mélancolie amoureuse qui résonne avec les chansons de Françoise Hardy, Auguste Comte ayant vécu une relation marquée par une tragédie avec une jeune femme à la fin de sa vie. Nous ferons le concert en acoustique et chaque chanson sera l’occasion de proposer un moment unique.
Les moments de scène sont pour moi des moments magiques, suspendus. Aussi bien le partage avec les musiciens qu’avec le public me touchent et me traversent. Ce sont des moments puissants, de grâce.
Vous appréciez Eric Legnini... Il vient de sortir Waxx Up, extrait de son prochain album. Qu'en pensez-vous et aimeriez-vous faire un duo avec lui ?
J’adore la musique d’Eric Legnini, son univers plein d’énergie et ses nombreuses collaborations avec des chanteuses et chanteurs. Despair en est un très beau nouvel exemple, avec Yael Naïm, dont la sensibilité me touche beaucoup. Je serais ravie d’ajouter mon nom à la liste des chanteuses et chanteurs avec qui Eric Legnini a collaboré, après Krystle Warren, Hugh Coltman, Mathieu Boogaerts, Yael Naïm et autres très belles voix !
Quels vont être vos projets à venir ?
Hormis ma prochaine collaboration avec Eric Legnini (ah ah !), j’écris et je souhaite ouvrir mon univers à de nouvelles collaborations, qui iront peut-être également vers la pop, l’électro...
Je suis admirative d’artistes qui ont une capacité à se renouveler en permanence, comme Arthur H par exemple, son univers est très inspirant, très libre. Je serais ravie de faire un duo avec lui aussi !
Je souhaiterais également écrire en italien, ma grand-mère vient de Livourne et a vécu en Toscane pendant longtemps, j’ai moi-même habité à Florence pendant quelques années… C’est un lien très fort, également à travers la musique.
Que souhaitez-vous dire pour terminer ?
Il me semble que la musique et le spectacle vivant sont encore plus essentiels aujourd’hui, dans cette époque qui nous malmène et nous brutalise souvent.
Je suis heureuse de pouvoir à ma manière offrir des moments de poésie, de grâce et de partage…
Merci à Emma Solal d'avoir répondu à nos questions !
Vous pouvez la retrouver sur Facebook.
Crédits : Sébastien Navosad