De Shapes of the Fall, le dernier album de Piers Faccini sorti au printemps dernier, il n’est pas un son, un timbre, un rythme, une passerelle entre territoires musicaux qui ne soit mûrement pesé, pensé. De l’étourdissante tourne berbère qui aspire 'Firefly' vers la transe aux méditations folk de 'Together Forever Everywhere', 'The Real Way Out' et 'The Longest Night'. De 'Lay Low to Lie', blues du désert qui, fouetté par les coups d’archet, se pare des atours d’une tarentelle, à 'Levante', où guembri, oud, pulse ternaire et volutes de cordes s’enroulent autour du kayamb réunionnais d’Oriane Lacaille. De la crête d’intensité qui hérisse 'Foghorn Calling' au call and response transatlantique de 'All Aboard', relecture du mythe de l’arche de Noé qui, à travers les voix du maâlem marocain Abdelkebir Merchane et de l’Américain Ben Harper, embarquent blues et chant gnawa à bord du même vaisseau…
Le septième album de Piers Faccini représente un jalon majeur dans son dialogue entre intime et universel, entre héritage anglo-saxon et traditions de Méditerranée et d’Afrique.
Orchestrant des échanges profonds entre folksongs, pulsations gnawas et quatuor à cordes, Piers Faccini fait preuve de la maturité d’un artiste qui entre dans sa cinquantième année, dressant du monde un tableau empreint de gravité mais traversé par la qualité première des âmes lucides.