Humain, percutant. Sous l’allure misanthrope de Benjamin Rousseau se dissimulent intelligence humaine, et surtout, sens moral aigu. Il ne laisse personne indifférent, ceux qui ne le détestent pas l’adorent, pour une raison qui leur échappe souvent : Rousseau a beaucoup de charme malgré son air brut de décoffrage.
Mais Rousseau n’est pas qu’une somme de qualités, loin de là. Il est aussi de ces types dont on ignore en les invitant à dîner s’ils vont ruiner la soirée ou enchanter les convives. Comme eux, Rousseau a le verbe drôle, cruel et la pensée (extra)lucide. Mais l’hypocrisie sociale, les mensonges, l’arbitraire et l’autorité confite d’autosatisfaction l’insupportent. Et lorsqu’il les rencontre, il pratique avec jubilation la politique de la terre brûlée, démontant ses adversaires point à point.
Benjamin a payé très cher sa lucidité. On ne peut pas démontrer leur ignorance à ses boss, ni expliquer à ses amoureuses pourquoi on les trompe, sans créer ruptures et engueulades. Et malgré cela, il n’a pas appris la leçon : confronté au mensonge, il réagit encore au quart de tour.
Selon certaines de ses ex, sa soif de vérité est la marque d’une immaturité profonde, inquiétante chez un quadra, et pourtant c’est son âme d’enfant qui les avait séduite. Mais cette explication est simpliste. Car la clairvoyance de Benjamin fait de lui un prof exceptionnel. Déchiffrant ses élèves, il les aide à trouver leur voie et à démêler leurs jeunes vies déjà inextricables. Et pour ce faire, persuadé que la philo aide à vivre, il applique les préceptes de Kant, Platon, Machiavel ou Montaigne… Fourrant au passage des notions philosophiques complexes dans le crâne de ses élèves.
Aussi, il est de ces profs dont on se souvient toute sa vie.